-Mariage de Maria Ilaeïv et de Igor Dostoïevski à l’Eglise d’ Azarov –
Brouhaha.
On arrive à la porte d’une église. Porte massive, en bois de sapin.
Obscurité. La lumière revient petit à petit cependant l’image reste sombre, l’intérieur n’est éclairé que par les bougies. Intérieur simple, des murs épais, de simple arc en plein centre. Une église sans transept, à nef unique. Des bancs sont alignés, des gens sont déjà assis, parlant bruyamment… En face du portail d’entrée, l’abside magnifiquement décorée pour l’occasion.
On avance vers la chapelle. Un tapis rouge a été installé. Il est d’une belle couleur pourpre. Quelqu’un nous interpelle. On se retourne. L’image devient floue. Mise au point. Un vieux gaillard, grand sourire, nous fait un signe de la main. La veste à l’allure chic du vieux aux cheveux blancs s’approche. Gros plan sur sa pochette. Accolade. Bruissement de vêtement. Le bois du banc d’en face à l’air nickel. Vue idéal sur l’autel. Un homme entre deux âges est planté devant l’autel. Il s’essuie les mains toutes les deux minutes sur son pantalon. Un autre homme en uniforme militaire vient lui chuchoter quelques mots à l’oreille. L’homme aux tiques leva ses lèvres, lui montrant un tout petit sourire. Il se calma.
Musique de mariage russe.
La porte d’entrée s’ouvre. Tout le monde se retourne à l’unisson. Une belle femme en robe de mariée est accrochée au bras d’un vieil homme au regard sévère, dur et froid. Doucement, mais surement, ils s’avancent vers l’autel. Tout le monde les suit du regard. Cadrage sur l’homme au tic. Il a l’air de plus en plus nerveux, mais regarde en direction de la mariée avec une certaine tendresse.
La mariée se détache de son père pour aller retrouver son amoureux.
Petite accélération de la vidéo.
Le prêtre demande la phrase fatidique : — Monsieur Igor Dostoïevski voulait vous épouser cette femme?
— oui je le veux!
— Mlle Maria Ilaeïv voulait vous épouser cet homme?
— oui je le veux…
La vidéo se coupe. Image noire.
-garde à vous-
Comment vous parler de sa vie avant notre rencontre? C’est bien là un exercice difficile, car c’est un homme bien silencieux. Je sais qu’il vécut assez mal sa grande taille et qu’il était accès sur les poings en cours de récréation. Mais il se calma bien vite… il faut dire que son père l’effrayé légèrement et il ne voulait pas inquiéter sa mère. Il avait une mère assez fragile. Physiquement elle allait très bien! Elle va toujours très bien! Mais moralement, ce n’était pas trop ça. Le rejet de ces propres frères l’avait grandement chagrinée. Elle pouvait s’enfermer des heures dans une pièce sans lumière, sans voir personne. Elle s’était même résignée à prendre des antidépresseurs, des somnifères. Valentin voyait sa mère devenir chaque jour un peu plus azimuté par les médicaments et son père qui ne disait rien, ne bougeant pas le petit doigt pour sortir sa mère de cet enfer.
J’ai trop peu d’information jusqu’à ces dix ans pour pouvoir vous en parler sans avoir peur d’oublier ou de transformer un élément. Tout ce que je peux vous affirmer c’est qu'il grandit dans une atmosphère sombre et une discipline assez dure. Possédant un père militaire, colonel de surcroits, il connut très tôt la discipline militaire. Lorsqu’il arriva au collège, il connaissait déjà la base de la discipline militaire.
S’il y a un évènement marquant qu’il m’a raconté. Il se déroula juste avant son départ. La maison connut un heureux évènement. Maria, la mère de Valentin connut son deuxième accouchement. Et heureuse nouvelle se fut un fils. Mon ami eut trop peu de temps pour connaître ce fameux frère. Il avait pu graver ça petite bouille de poupon, mais c’était là, le seul souvenir qu’il garda de son frère. C’est à l’âge de dix — onze ans qu’on se retrouva dans un collège interna destiné au garçon de militaire. Mon père était aussi colonel, on se retrouva dans la même chambre. Le respect de l’ordre était de mise et le silence une règle d’or. Aucun pas sur le côté, aucun mot de trop. Aucun débordement… si on ne respectait pas cela, nos instituteurs s’empressaient dans un certain sadisme de nous corriger.
Valentin accepta ce règlement sans rechigner alors que la moitié de nos camarades s’étaient déjà fait battre à coup de bâton dans la neige pour avoir osé protester.
Comme tout le monde, il appelait souvent chez lui. Je crois qu’il parlait avec sa mère. Le fait qu’il ne s’endentait pas très bien avec son père commença à cette époque la…ou un peut avant, que sais-je! il me racontait que sa mère lui racontait des merveilles à propos de son petit frère, qu’elle avait hâte qu’il revienne pour les vacances afin qu’il puisse le voir.
Il ne retourna pas chez lui pendant les vacances. Quand je lui demandais pourquoi, il haussait seulement les épaules en disant que les stages étaient bien plus importants. Je ne cherchais pas plus loin…
Vers nos 16 ans nous rentrâmes dans le Corps des cadets Saint-Georges de Moscou. Cette section permettait de préparer les jeunes au métier de soldat. La Russie possède toujours le service militaire obligatoire, mais cela n’empêche pas que de jeunes gens sont préparés très tôt à protéger leur pays, à mourir pour lui et sur ceux pendant toute leur vie ou presque! Et pour cela je peux dire que Valentin était un bon soldat. Entrainement intensif, apprentissage des stratégies russes, quelque notion des langues appartenant aux pays où on trouve nos bases… brèves, j’avais l’impression qu’il fessait tout pour satisfaire son père, pour qu’il soit fier de lui. Pourtant il ne voulait toujours pas lui parler. Il m’a sorti la vieille réplique que tous les enfants qui détestent un de leurs parents sortent : « j’en ai marre qu’il commande ma vie… » Pourtant il reste dans la carrière que son père lui a ordonné de faire.
Ces années-là de notre vie, furent terriblement difficiles. Lisez les articles sur l’armée russe et vous comprendrez! Enfin dans notre malheur, nous pouvons dire que nous avons eu de la chance d’être enfants soldat baignés dans ce monde depuis notre tendre jeunesse, c’était plutôt nous qui pratiquons les bizutages des nouveaux arrivants, nous connaissons les bonnes techniques pour rendre les entrainements moins durs. Mais cela ne nous a pas empêchés d’assister à la mort de plusieurs de nos compagnons.
À 20 ans nous étions tous deux assignés à des districts différents. Valentin fut envoyé en Sibérie. Comme si en Russie il ne fessait pas assez froid. Mais ce n’était que pour deux mois. À tient d’ailleurs j’ai sa fiche de certification.
- Spoiler:
Après on s’est séparé et je n’ai malheureusement plus eu de nouvelle. Je ne sais même pas s’il est resté dans l’armée.
La dernière lettre qu’il m’a envoyée c’est lorsqu’il était au Soudan. J’appris juste qu’il avait eu un fils avec une femme de passage. Qu’il espérait qu’il aurait une vie tranquille, mais que c’était tout. Leur lien s’arrêtait là. Après plus rien… j’espère que vous trouverez plus ample information ailleurs. Et si vous le retrouvez, passez-lui le bonjour de ma part!
-renaissance-
Cela fait deux mois que nous avons un patient en soins intensifs. Un soldat de l’armée russe. Suite à une explosion. Des bouts de verre se sont incrustés dans son bras gauche causant des dégâts sur ses muscles. Son œil droit a aussi était touché dans l’explosion. Il sera certainement nécessaire de pratiquer une chirurgie afin qu’il retrouve l’état partiel de son œil. Après des tests nous pouvons affirmer que son audition a été partiellement touchée et qu’il la retrouvera entièrement avec le temps. Nous ne pouvons pas encore faire de test psychologique, mais à ce jour nous affirmons que le soldat Valentin Dostoïevski peut rentrer en Russie et prendre congé de sa statue de soldat n’étant plus apte à combattre. -Rapport du médecin général de l’hôpital militaire d’Ukraine –
Le voilà de retour sur sa terre natale. Il ne s’arrêta pas chez lui. Ne voulant pas monter son visage à sa mère et il ne voulait pas non plus voir ce frère qu’il lui eût écrit deux ou trois lettres. Il n’était pas encore près. Pas encore près, pour connaître cette personne qui avait vécu si différemment dans la même demeure qui l’avait vu naitre. Il partit pour Moscou où il s’installa. Au début, il vécut de sa paye de soldat blessé, mais il se rendit bien compte que cela ne lui suffisait pas pour vivre. Que ce soit matériellement ou mentalement. Alors, qui se sevrés de ces images pas très sympathiques qu’il avait connues dans les pays qu’il avait visités, il apprit qu’il ne pouvait pas vivre sans adrénaline? Il avait besoin de viser quelqu’un, d’établir des plans pour ne faire disparaitre certaine personne… C’est comme cela que le plan de devenir assassin professionnel se consolida.
Avec plusieurs contacts, il se fit des clients. Son entrainement militaire l’aida à avoir une volonté à toute épreuve et une discipline de fer qui lui permettait de sauver sa peau. Car au début il était juste. En étant militaire, tu pouvais faire autant de bruit que tu voulais, tu étais excusé. Mais maintenant, il était hors la loi, un seul faux pas et c’était derrière les barreaux. Ses handicapés le ralentirent au début, mais au fil du temps il sut s’en accommoder. Son œil était entièrement guéri et ses sensations au bras gauche malgré le fait qu’elles aient disparu ne le dérangèrent pas plus que cela.
Il n’était plus militaire depuis ses 27 ans. Pendant 5 ans il passa de contrat en contrat, s’améliorant un peu plus à chaque fois.
À l’âge de 32 ans, il n’avait tué qu'une quinzaine de personnes. À 32 ans il eut un contrat particulier. On lui demanda d’aller assassiner Mikhaïl Ilaïev. Le chef actuel de sa famille. Il n’hésita pas une seconde. Après tout, cela lui donnerait l’occasion d’en finir avec cette famille. De mettre les points sur les I avec ses sentiments à leurs égards.
Tout se déroulé pour le mieux. Son entrée dans le manoir. Sa prise de repère. Son entrée dans la chambre de Mikhaïl. Il avait tout bien calculé. Une mise en scène parfaite. La seule chose dont il n’avait pas tenu compte c’est sa rencontre avec Mikhaïl. Personne ne sut jamais pourquoi il n’a pas exécuté son contrat si ce n’est lui et le chef de la famille. Qu'est-ce qui s’est passé dans cette chambre ce soir-là? Là est la grande question! En tout cas, cela fait maintenant un an que Valentin est revenu au service de la famille auquel il vouait une certaine animosité. Il devient leur assassin personnel se débarrassant dans le secret le plus total les personnes un peu trop dérangeantes.